“Plus vert, moins cher : comment faire ?” : une chaîne de solutions face au stress énergétique des industriels
Plus d’une trentaine d’entreprises industrielles de la région Auvergne-Rhône-Alpes étaient présente, lundi 11 décembre 2023, au Grand Hôtel-Dieu de Lyon, pour la cinquième édition de la série « Plus vert, moins cher : comment faire ? ». L’occasion d’échanger à bâtons rompus, entre professionnels, sur leurs préoccupations communes liées au stress énergétique, particulièrement élevés dans le secteur industriel.
L’effet ciseau est particulièrement redoutable. D’une part, l’enjeu climatique et l’obligation réglementaire qui en découle imposent aux entreprises une baisse rapide de la courbe de leurs émissions carbone. D’autre part, la guerre en Ukraine et le retrait du gaz russe du marché européen ont fait s’envoler les prix de l’énergie. Devant ces deux contraintes incompressibles et leurs deux courbes contraires, la compétitivité des entreprises industrielles est menacée. Le stress énergétique des industriels est au plus haut.
En ouvrant la rencontre organisée au Grand Hôtel-Dieu de Lyon, Nicolas Dumas, Directeur du Territoire Sud-Est d’ENGIE Solutions, va droit au but : « Pour tenir les engagements de réduction carbone de la France d’ici 2050, assure-t-il, nous devons baisser nos émissions de CO₂ dans l’atmosphère de 4 % par an, et ce dès 2024 ». Et donc changer de modèle énergétique.
« Si l’on veut réduire la part du pétrole, qui reste et demeure notre principale source de consommation d’énergie, il est possible d’augmenter rapidement l’offre de gaz, à condition d’importer du GNL pour compenser la disparition du gaz russe en Europe », poursuit Evariste Niouky, Responsable de la recherche économique chez ENGIE. Mais ces importations pèseront sur les prix, qui ne devraient pas baisser avant 2026. Pour le secteur industriel, l’effet de ciseau reste entier.
Plusieurs cas concrets en Auvergne-Rhône-Alpes
Directeur des usines Canson à Annonay, entreprise historique de la région depuis 450 ans, Pascal Conty emploie 250 personnes. Il raconte qu’il doit pomper 650 000 m3 d’eau par an pour fabriquer ses différentes gammes de papiers à dessin, scolaire ou technique. Humide à plus de 85 %, le papier est séché par apport de chaleur. La variation des prix de l’énergie a donc une incidence directe sur le prix de vente du papier.
Carl Patois est l’administrateur du GIE Osiris, gestionnaire de services et d’infrastructures mutualisées sur une plateforme dédiée aux industriels de la chimie, à qui il apporte différents services : sécurité, médecine du travail, achat de fluides comme l’eau, le gaz, l’électricité, l’air comprimé, l’hydrogène… L’énergie représentant 70 % des achats du GIE, il a dû réduire ses volumes d’achat de 20 % à 50 %. L’envolée des prix de l’énergie a donc déstabilisé à la fois son modèle économique et l’activité de ses clients.
Toutes les entreprises industrielles sont impactées par cette envolée des prix, confirme Bruno Voland, PDG de TRA-C Industries et président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) AuRA. L’enquête menée auprès des industriels de la métallurgie montre que les volumes d’énergie vont de 2 % du chiffre d’affaires dans l’assemblage à 10 % dans le secteur de la chaudronnerie.