How i met your scope 3

Le scope 3, un défi à relever à l’échelle des territoires

Voici le rôle des pouvoirs publics mis en avant dans les processus de décarbonation. Qu’il s’agisse d’organiser une offre locale de transport collectif pour la durée d’un festival, ou de mettre en place un réseau de collecte de verres usagés sur l’ensemble du territoire, l’engagement des collectivités locales apparaît à l’évidence comme prépondérant.

Les principales solutions sont à l’échelle du territoire

La centaine d’industriels présents sur cette journée « Plus vert, moins cher : comment faire ? » a ensuite écouté les informations techniques, les propositions de formation et les réflexions à conduire, qu’énoncèrent tour à tour l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Champagne-Ardenne et ENGIE Solutions : sobriété d’abord. Puis calcul des émissions carbone, « non pas pour établir un reporting, mais pour mettre en place les leviers qui permettront de décarboner tout en préservant le lien entre l’innovation et le cœur d’activité de l’entreprise », insiste Alexandre Bouchet. Ensuite seulement, pourra venir le verdissement de la production.

Dernière recommandation, et non des moindres : la réflexion collective, plus indispensable que jamais, avec les acteurs de son écosystème local. Car devant les multiples défis entrecroisés de la transition énergétique, une solution unique et individuelle n’existe plus, alors que les partenariats de territoire semblent pouvoir faire émerger des solutions durables.

L’heure est donc à conclure des engagements de long terme sur les prix, à définir de nouvelles modalités contractuelles, à nouer des partenariats entre industriels, fournisseurs et clients. Assurément, la contrainte exogène de l’enjeu climatique invite les industriels à innover, pour se réinventer une nouvelle fois.

Innover pour se réinventer ? Voilà 150 ans, Madame Pommery aurait sans doute pu faire de cette formule une maxime champenoise.

 

Paroles de participants

La centaine de participants à cette quatrième rencontre « Plus vert, moins cher : comment faire ? » a été invitée à poursuivre l'appropriation des mécanismes de la décarbonation et du scope 3, à travers plusieurs ateliers en groupes. Objectif : coconstruire avec leurs pairs le bilan carbone d'un produit et en proposer des actions pour réduire son scope 3.

Extraits de la restitution de cette session d’intelligence collective :

"Pour réfléchir sur le scope 3, nous avons pris l’exemple d’un objet de tous les jours : le papier hygiénique. Nous avons vu que beaucoup d’émissions carbone relèvent de son scope 3, mais nous avons eu beaucoup de difficultés à quantifier les émissions de chaque fournisseur pour savoir lesquels avaient plus d’impact que les autres."

"Nous avons choisi de travailler sur le scope 3 du Petit Lu et nous avons eu beaucoup d’échanges sur les achats. Le plus surprenant, c’est de réaliser que l’on peut remonter très loin dans la chaîne fournisseurs. Mais où mettre la limite ? Cela met en exergue la complexité pour une PME de faire cette mesure d’impact du scope 3"

"Nous avons examiné le scope 3 d’une maison de champagne. Nous avons fait des hypothèses, que nous avons pu vérifier car des chiffres existent sur l’impact carbone du secteur. Nous avons été étonnés d’apprendre que l’emballage représente 32 % de l’impact carbone du champagne et que les grandes maisons n’ont pas de levier direct pour agir. On comprend donc qu’entraîner ses fournisseurs à réduire leur scope 1 et 2 permet de réduire notre scope 3."

"Nous avons réfléchi aux émissions carbones d’un gobelet en carton. Les choses sont moins simples qu’il n’y paraît : ce gobelet est fabriqué à partir de papier, donc on peut croire que l’on a réussi à verdir sa production. Mais il y a du plastique dedans pour qu’il soit imperméable à l’eau, donc le gobelet n’est pas forcément vert. Cela pose la question des process de fabrication et de l’éco-conception."

"Autour de notre table, chacun avait une vision et des demandes différentes. Dans la discussion, nous avons vu que nous avions tous des secteurs d’activé différents : du prestataire de services à l’énergéticien, en passant par le gestionnaire de déchets. Forcément, nous n’avions pas les mêmes visions des enjeux de décarbonation et en confrontant nos points de vue, j’ai vu que ma vision du scope 3 n’était pas la même que celle de mon voisin. C’était intéressant."

"Les modèles économiques sont en train de changer autour de la production d’énergies renouvelables. En tant qu’industriels, ces évolutions font que nous ne sommes pas bien armés pour faire nos choix, car les hypothèses sont changeantes. Nous devons donc accepter parfois de prendre une part de risque, tant que le marché, les clients ou la régulation ne nous y contraignent pas. C’était intéressant de partager cela avec vous."

"Avant ce matin, je n’avais jamais imaginé que les scopes 3 étaient aussi importants. Dans la branche distribution, je pensais que nous aurions un impact plus important sur nos scopes 1 et 2. Mais en dehors de l’industrie lourde, j’ai vu que le scope 3 est toujours très important. C’est quelque chose qui m’a marquée. Nous avons besoin d’œuvrer tous en même temps pour limiter cet impact-là."

"Merci de m’avoir invité. Ce soir je pars avec une connaissance plus approfondie de ces 3 scopes, j’y vois plus clair, c’était très enrichissant."